Avec le temps

ÉDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.
Bruno Jeudy
Bruno Jeudy.
Bruno Jeudy. (Crédits : DR)

Un septennat. Mardi, Emmanuel Macron sera le premier président de la République depuis Jacques Chirac à entamer sa huitième année à l'Élysée. Il suffit de lui faire remarquer qu'il lui reste un peu plus de mille jours à présider pour qu'il prenne conscience de ce temps qui passe. « Ah ! Vous avez compté ? » Le chef de l'État demeure évidemment en action, à fond sur tous les sujets, mais il a conscience de n'être qu'un moment de l'histoire politique. « Il me reste à aller au bout des dossiers », lâche-t-il. Le président reconnaît « plein d'erreurs » et émet quelques regrets : la retraite à points, la réforme institutionnelle, des mots blessants. Avec le temps, le benjamin des présidents se patine à son tour. Et quand il regarde, dit-il, les sept années qui viennent de s'écouler, il se persuade d'avoir « vraiment fait des choses » que ses prédécesseurs de droite et de gauche n'ont pas osé faire. Mine de rien, le voilà qui dessine son propre bilan, en pleine campagne européenne dont il n'attend manifestement plus de miracle. Ce qui ne l'empêche pas d'ordonner à son Premier ministre de s'impliquer davantage en allant débattre à la télévision contre... le favori, Jordan Bardella.

Face à la raclée électorale qui s'annonce, Emmanuel Macron affiche le calme des vieilles troupes. Après le 9 juin, il ne tirera aucune leçon nationale d'un scrutin européen. Son agenda est prêt. Il enjambera le résultat et se rendra une semaine plus tard à Bruxelles au Conseil européen extraordinaire pour préparer les nouvelles nominations. Ensuite, il se déploiera avec l'accueil au cœur de l'été des Jeux olympiques. Une première en France depuis un siècle. L'occasion, espère-t-il, d'offrir un moment de fierté collective à un pays si prompt à l'autoflagellation. Avant de retomber forcément dans la politique et la bataille pour 2027, qui ne tardera pas à s'engager... sans lui.

Ce président résilient, qui a résisté à tant de crises, fait confiance aux Français, « le peuple le plus politique du monde », pour porter le moment venu un jugement équilibré sur son action. Il est convaincu que le « en même temps », son mantra politique, n'est pas un « mauvais compromis ». Il y voit même une « formule gaulliste ». Pas faux.

Éternel optimiste, Emmanuel Macron semble toutefois contrarié par une seule chose : que la Constitution interdise depuis 2008 à un président de la République de faire plus de deux mandats consécutifs. Aujourd'hui, il dénonce une «capture» de la liberté des électeurs alors que lui-même ne veut plus être candidat. Pas même à un poste de conseiller municipal de Marseille, sa ville de cœur. Peut-être devrait-il méditer sur cette phrase d'Antoine Blondin : « Il y a ceux qui s'en vont tout droit et ceux qui se retournent : ceux-ci souffrent. »

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Bruno Jeudy

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Commentaires 2
à écrit le 05/05/2024 à 13:51
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Encore un public reportage : à ce niveau là, votre tribune, ce n'est plus du journalisme, mais du militantisme.

à écrit le 05/05/2024 à 9:16
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"Face à la raclée électorale qui s'annonce, Emmanuel Macron affiche le calme des vieilles troupes." Des vieilles troupes qui en ont marre de se faire huer partout en France. Incroyable comme notre président est impopulaire dans notre pays, à tel p...

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